Zemmour Et Leur Monde: Ne Plus Subir. Chiches?
La convention de la droite organisée le 28 Septembre 2019 fut un évènement de préparation pour un nouvel assaut des porteurs d’une projet de société dirigée par l’extrême droite.
Annoncé comme star de l’évènement, Eric Zemmour, fraichement condamné par la cour de cassation pour incitation à la haine envers les musulmans, ne manqua pas d’enchainer les propos racistes ciblant celles et ceux qu’on appelle “les musulmans” pour en faire l’ennemi de l’intérieur, la menace imminente envers la population blanche.
« Ce compte à rebours démographique, qui nous fait déjà entrevoir la possibilité de devenir minoritaire sur la terre de nos ancêtres » Marion Maréchal Le Pen lors de la Convention de Droit la réunissant avec Eric Zemmour
Vous êtes prévenus. Faire preuve de modération face à une telle radicalisation violente n’est ni une preuve de vertu ni un choix “stratégique”. Eric Zemmour vient d’être condamné pour ses propos racistes envers les musulmans et en retour, une tribune lui est offerte à la convention de la droite, CNEWS lui offre une émission quotidienne.
Si les premiers et les premières concernés attendent que leurs “alliés” se mobilisent à leur place ou que les institutions de la “République” fassent leur travail alors que les rapports de force les contraignent à la démission ou au mutisme, alors ils portent une responsabilité conséquente face à l’accélération de l’histoire et le retour des fascismes.
Eric Zemmour n’est que la partie visible de l’iceberg. Si des chaines comme CNEWS lui offrent un retour triomphant, c’est bien que la vie de celles et ceux qu’on appelle “les musulmans”, bien que menacée -comme l’ont démontré les attentats de Christchurch et les multiples attentats islamophobes déjoués depuis un peu plus d’un an- ne vaut rien aux yeux des directeurs des programmes de ces chaines ou de bien des directeurs de publication dans la presse écrite. Pour certains élus de la République et autres pontes de la presse blanche, tuer des musulmans ne servirait qu’à rééquilibrer le décompte des victimes du terrorisme bien que l’écrasante partie de ces victimes ont de confession musulmane.
La théorie du grand remplacement portée par l’extrême droite et relayée par la nébuleuse Zemmour n’est pas la seule théorie légitimant la suprématie blanche. À gauche, c’est “l’insécurité culturelle” portée par Laurent Bouvet et relayée au sein même de l’État via “le conseil des sages de la laïcité” duquel il est membre et martelée par le Ministre de l’Éducation Nationale Jean Michel Blanquer qui expose les femmes de confession musulmane à des discriminations quotidiennes et donne une version plus “acceptable” de l’islamophobie.
Faut il rappeler que les médias lui offrant une tribune régulière et relayant ses idées comme Le Figaro sont lourdement subventionnés avec l’argent du contribuable? Le Ministère de la Culture s’est il inquiété de telles subventions aux discours racistes et ds primes versées à leurs auteurs?
Serge Nedjar, Directeur de CNEWS et au dessus de lui Vincent Bolloré sont directement responsables de la tribune offerte à un idéologue d’extrême droite comme Eric Zemmour malgré sa condamnation définitive pour incitation à la haine envers les musulmans. Le CSA est déjà démissionnaire et refuse de faire son travail. Se contenter de lui signaler cette violence et attendre que ses agents saisissent l’urgence de la situation n’est qu’une vue de l’esprit tant cette urgence ne les concerne pas.
Les “progressistes” de tous bords se contentent de petites indignations sur les réseaux sociaux en pensant qu’il suffit de 140 mots sur Twitter pour mettre un terme à ces provocations, mais si leurs intérêts voir leur vie était menacée, ils iraient bien au delà de l’indignation numérique.
De son côté, LCI n’a pas jugé utile d’interdire une libre antenne à des propos racistes et sexistes en direct. Est un hasard? Absolument pas. Ces propos sont jugés rentables et tant pis s’ils aboutissent à ce que des millions de personnes en subissent les conséquences au quotidien. Le refus de laisser parler les contradicteurs de Zemmour et de son monde est un choix politique et évoquer la liberté d’expression pour le justifier est une fumisterie. La liberté d’expression est justement une liberté universelle et non pas un privilège réservé à certains.
Cette modération est un aveu de désintérêt ou de non prise au sérieux de la menace qui pèse sur les communautés musulmanes de France. Qu’il faille s’en indigner ou non n’est pas à l’ordre du jour.
L’urgence aujourd’hui est au changement d’approche face à une menace vitale pendant que tout le monde regarde timidement en faisant mine de s’indigner. Si les organisations dites de gauche et leurs relais médiatiques étaient à la hauteur des enjeux et sincères dans leur dénonciation de l’islamophobie, elles se seraient servies de leur relais et de leurs ressources pour que celles et ceux qu’on appelle “les musulmans”, au delà de la poignée de cautions musulmanes triées sur le volet, puissent avoir les plateformes nécessaires à l’émergence d’un contre discours libéré de tout paternalisme, et donc profondément enraciné, largement représentatif.
Le retour de Zemmour met au grand jour le deux poids deux mesures concernant les discours racistes et sexistes. S’il fallait prouver que Soral et Dieudonné n’ont été bannis que pour leurs propos antisémites mais qu’ils seraient encore les bienvenus s’ils avaient choisi l’islamophobie comme fond de commerce, on ne s’y serait pas pris autrement. Jamais le cycle “provocation-indignation-buzz” ne s’arrêtera si celles et ceux qu’on appelle les musulmans, les noirs, les roms continuent d’attendre.
Rappelons nous que c’est le service public qui a lourdement contribué à fabriquer le Frankenstein Zemmour avec l’émission “On n’est pas couchés”. Où sont le présentateur Laurent Ruquier et son équipe de l’époque pour défaire ce qu’ils ont fait? Quelque part sur les ondes à s’envoyer des blagues entre blancs. L’émission elle a continué pendant des années à donner une plateforme aux mêmes discours racistes et sexistes le samedi soir en comptant sur Twitter pour servir de caisse de résonance à ces mêmes propos.
Seule une mobilisation radicale et de longue durée face à cette complicité entre militants, groupes de pressions, agents racistes de l’État et médias pourrait envoyer un message clair aux partisans du racisme, du sexisme et de la suprématie blanche. Nul besoin de violence pour y parvenir, publier une énième pétition ou une envolée lyrique sur les valeurs républicaines non plus. Le champ des possibles doit dépasser l’indignation et l’attente.
Tant qu’il n’y aura personne sous les fenêtre, dans les parkings et halls d’entrée de LCI, BFM et CNEWS (qui accueillera Zemmour pour la quotidienne de 19h), ces apprentis sorciers qui hier auraient été les pires antisémites continueront de normaliser la haine des musulmans et d’en faire “l’ennemi intérieur” pour mieux encourager les atteintes à leur vie.
Peu importe nos croyances, notre indignation doit quitter les réseaux sociaux pour se manifester dans la vie réelle des promoteurs de Zemmour et son monde.
